Enceinte de six mois, Sophie Przybylski, 22 ans, a accouché seule alors qu'elle était en salle de travail à l'hôpital de Montauban. Le nouveau-né n'a pas survécu. Le parquet a réclamé une autopsie et une plainte pour blessures involontaires a été déposée.
Installés à Castelsarrasin depuis tout juste une semaine dans une coquette villa du quartier du Pontinaud qu'ils venaient d'acquérir, Yoann, 29 ans, et Sophie, 22 ans, coulaient des jours heureux en attendant la naissance de leur fille Evana.
Un événement d'autant plus attendu pour ce jeune couple qui tentait depuis deux ans d'avoir un enfant et que celui-ci était annoncé pour cet été.
« On avait même tenté une insémination in vivo avant que Sophie ne tombe naturellement enceinte cet hiver » nous confiait, hier, très ébranlé Yoann Arbelot son compagnon. Lundi, l'histoire de ce jeune couple va basculer dans un drame effroyable. « En début d'après-midi, j'ai commencé à perdre du sang, on a alors tout de suite appelé le 112, confie calmement Sophie. Une ambulance privée m'a conduite à l'hôpital de Montauban sans se presser alors que mes contractions s'étaient rapprochées. »
Sur place, la jeune femme est transportée aux urgences avant d'être placée dans une salle d'accouchement. « Là, une sage-femme m'a ausculté et m'a dit que le travail commençait tout en me confirmant qu'elle entendait bien les battements du cœur du bébé. »
J'ai appelé au secours…
La suite des événements laissera perplexe plus d'un lecteur, et est digne d'un mauvais film d'horreur. « Après avoir m'avoir dit qu'il y aurait peu de chance que le bébé survive, je me suis retrouvé toute seule, la sage-femme ayant disparu tout comme les deux aides-soignantes. »
Un laps de temps suffisamment long pour que Sophie accouche seule, sans aucune assistance médicale. « J'ai crié, appelé au secours mes contractions devenant importantes… J'ai essayé de me retenir au maximum pour attendre un médecin, mais au bout d'un moment, j'ai été obligé de pousser et j'ai expulsé mon bébé, témoigne la jeune mère qui ne pouvait appuyer sur la sonnette d'alarme négligemment posée sur un meuble loin de son lit. J'étais tellement choquée et tétanisée que je n'ai pu bouger… »
Les «excuses» du médecin
La jeune femme serait ainsi restée esseulée plus de 20 minutes dont près de 10 avec son bébé abandonné sans aucune assistance, ni soins. « Ce qui est d'autant plus difficile à accepter, c'est d'entendre peu après un médecin s'excuser en me disant que je n'étais pas arrivée au bon moment, qu'il y avait eu beaucoup d'accouchements en même temps et pas assez de personnel pour les gérer ! » Des explications pour le moins surprenantes qui font sortir de ses gongs Yoann son compagnon qui a décidé avec Sophie de déposer plainte, mardi en fin d'après-midi au commissariat de police de Castelsarrasin , pour blessures involontaires contre le centre hospitalier de Montauban.
Une affaire dont le parquet s'est saisi en réclamant une autopsie judiciaire pour établir les causes exactes du décès d'Evana.
« Une Enquête interne va être rapidement diligentée »
La direction du CH de Montauban contactée par nos soins hier en fin d'après-midi n'avait pas encore tous les éléments sur ce dossier puisque les plaintes ont été déposées la veille au commissariat de police de Castelsarrasin et que les résultats de l'autopsie judiciaire ordonnée par le parquet de Montauban n'étaient pas connus. Mais elle tenait à préciser : « Le bébé était à 23 semaines et donc pas viable. Il faut savoir que dans une maternité de niveau 3 (CH Purpan à Toulouse par exemple) on ne prend qu'à partir de 25 semaines. La petite Evana était donc beaucoup trop grande prématurée. Quel que soit le lieu de l'acouchement un tel bébé est à un niveau trop précoce pour avoir des chances de vivre. Nous comprenons que pour la famille ce n'est pas facile, dramatique de par l'issue et on comprend que la maman cherche à savoir, à comprendre. On va d'ailleurs faire une enquête en interne et recueillir tous les éléments et témoignages. »Sur un plan médical et pour du personnel proche du service, on nous précisait hier en soirée qu'à l'heure de l'accouchement de ce mort-né il y avait au sein de la maternité de Montauban (niveau 2) quatre médecins et quatre sages-femmes qui étaient en poste pour une journée très chargée d'ailleurs .
Source: le Journal "la dépêche du midi" (12/05/2011)